Occitanie - Produits solaires pour bébés : ce qu'il faut savoir

Occitanie - Produits solaires pour bébés : ce qu'il faut savoir

Occitanie - Produits solaires pour bébés : ce qu'il faut savoir

Par Céline Couteau, Auteurs historiques The Conversation France et Laurence Coiffard, Auteurs historiques The Conversation France, le 04 Septembre 2021

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Produits solaires pour bébés : ce qu’il faut savoir

© Valeria Zoncoll / Unsplash, CC BY-SA

Céline Couteau, Auteurs historiques The Conversation France et Laurence Coiffard, Auteurs historiques The Conversation France

Depuis quelques années, on voit se multiplier sur le marché des produits de protection solaire destinés aux enfants, et plus particulièrement aux bébés. En parcourant les rayons des magasins, on pourrait ainsi croire qu’exposer les nourrissons au soleil est chose normale. Certains fabricants de crèmes solaires les ciblent, en effet, ouvertement, envisageant sans ciller des coups de soleil entre 6 et 12 mois !

Sur Internet également, des blogueurs se font l’écho des produits solaires « pour bébés » disponibles sur le marché, vantant les mérites – alternativement et selon leurs convictions personnelles – de produits conventionnels ou biologiques. Des recettes « maison » sont aussi, dans certains cas, indiquées comme utilisables chez le bébé.

Résultat, au comptoir des pharmacies, des parents interrogent : peut-on exposer un bébé au soleil dès la naissance ? À 3 mois ? À 4 mois ? La réponse se trouve dans les textes réglementaires, et elle est claire : « N’exposez pas les bébés et les jeunes enfants directement au soleil ».

De bien surprenants « conseils »

Certaines marques de cosmétiques précisent que les produits solaires « pour bébé » peuvent « s’utiliser dès la naissance », « à partir de 0 mois », de 3 mois ou encore de 6 mois. On trouve également des conseils en matière de protection solaire sur… des sites de sociétés spécialisées dans l’alimentation infantile ! On peut notamment y lire que de « nombreuses crèmes sont déconseillées en dessous de 3 ans et, jusqu’à très récemment, il était d’usage de ne rien appliquer sur la peau de petits de moins de 6 mois ».

Ce « jusqu’à très récemment » est intrigant, dans la mesure où justement, l’exposition des enfants au soleil étant contre-indiquée, une protection solaire ne s’impose aucunement. Tout aussi étonnantes sont les recommandations de ces sites sur la prise en charge des coups de soleil survenant chez des nourrissons de la tranche d’âge 6-12 mois.

Ajoutons enfin les propos relayés sur de nombreux blogs, qui font parfois référence à des recettes de produits solaires maison à base d’oxyde de zinc, utilisé dans le domaine cosmétique en tant que colorant, n’hésitant pas à affirmer que cet ingrédient est « beaucoup utilisé sur les peaux de bébés ». De fait, l’oxyde de zinc constitue l’ingrédient-phare des produits destinés aux fesses des bébés. Il exerce dans ce type de formules un rôle protecteur constituant une interface entre la peau, l’urine et/ou les excréments.

Mais ce type d’oxyde de zinc ne doit pas être confondu avec l’oxyde de zinc nanométrique susceptible d’être utilisé dans le domaine des produits solaires. Dans ce dernier cas, les particules d’oxyde de zinc sont de taille bien inférieure à celles utilisées dans les produits précédemment cités. Ce qui est indispensable : nous avons démontré que l’effet protecteur vis-à-vis du soleil est d’autant plus important que la taille des particules est faible.

Que dit la réglementation ?

D’un point de vue réglementaire, un texte publié en septembre 2006 sur le journal officiel de l’Union européenne devrait être parfaitement connu des personnes mettant sur le marché des produits de protection solaire.

Il détaille en effet les éléments à prendre en compte lors de la formulation de tout produit de protection solaire. Pour mettre sur le marché un tel produit, le fabricant doit en déterminer l’indice de protection solaire, et calculer la part de cette protection visant les UVA (rappelons au passage que les UVA sont les UV impliqués dans le bronzage, mais également dans le phénomène de carcinogenèse). Cette part doit être au minimum d’1/3.

Le texte précise aussi les éléments de santé publique à faire figurer sur l’emballage pour sensibiliser le consommateur aux risques liés aux UV.

À cet égard, un certain nombre de messages clairs doivent être relayés par les laboratoires commercialisant ces produits. Tout d’abord, la mention « écran total » ou « protection totale » devrait être bannie du langage marketing, de même que l’allégation « prévention durant toute la journée ». La Commission souligne aussi la nécessité, sur les emballages des produits de protection solaire, « d’avertissements indiquant qu’ils ne procurent pas une protection à 100 %, ainsi que des conseils sur les précautions à prendre en plus de leur utilisation ».


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Ces avertissements, précise le texte réglementaire, pourraient consister à indiquer : « Ne restez pas trop longtemps au soleil, même si vous utilisez un produit de protection solaire ». Ou bien, à noter : « La surexposition au soleil est une menace sérieuse pour la santé ». Ou encore, à signaler : « N’exposez pas les bébés et les jeunes enfants directement au soleil ».

Le « bébé » n’existe pas

Dans ces conditions, on comprend aisément qu’un produit solaire ne peut pas s’adresser à la cible très spécifique qu’est le bébé. On notera, au passage que du point de vue de la réglementation cosmétique, le bébé (terme en effet très imprécis) n’existe pas : seul est considéré l’enfant de moins de 3 ans, pour lequel un certain nombre d’ingrédients sont interdits, comme l’acide salicylique.

Enfin, ajoutons que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un dossier thématique sur les produits solaires. Un encadré y met en garde contre le bronzage, « qui ne remplace pas les produits solaires ». Il débute par la phrase suivante : « De manière générale, ne vous exposez pas aux heures de la journée où le rayonnement est le plus intense et n’exposez jamais les bébés et les jeunes enfants directement au soleil. »

Peut-on le dire plus clairement ? Laisser des enfants de 0 à 3 ans sous les rayons ardents du soleil est totalement contre-indiqué. Les textes européens font clairement mention de l’obligation d’un message de santé publique en ce sens, et ce depuis de nombreuses années.

Notons toutefois qu’il ne semble pas y avoir de véritable contrôle des allégations mentionnées sur les cosmétiques, moyennant quoi l’industrie semble s’enhardir d’année en année. Il serait pourtant grand temps de mettre un terme à cette surenchère en matière de produits à destination des bébés ; on peut comprendre la confusion des parents qui découvrent que ce type de produits existe, et craindre qu’ils ne se trouvent encouragés à prendre des risques inconsidérés.

Interrogé, la réponse du pharmacien sera claire : un bébé ne doit pas être mis au soleil ! Outre le risque d’insolation et de brûlures dangereuses pour sa peau fragile, on altère son capital soleil, avec à la clé le risque d’apparition à l’âge adulte de mélanomes, c’est-à-dire des cancers cutanés photoinduits : on sait en effet ce risque d’autant plus grand qu’il y a eu des coups de soleil pendant l’enfance ou l’adolescenceThe Conversation

Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France et Laurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation France

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Céline Couteau, Auteurs historiques The Conversation France et Laurence Coiffard, Auteurs historiques The Conversation France (04-09-21)

 

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