Occitanie - Urgence humanitaire en Méditerranée : 70 collectivités alertent le président !

Occitanie - Urgence humanitaire en Méditerranée : 70 collectivités alertent le président !

Occitanie - Urgence humanitaire en Méditerranée : 70 collectivités alertent le président !

Par Région Occitanie, le 28 Mai 2022

Partager

 

70 représentants de collectivités membres de la « Plateforme des collectivités solidaires avec SOS MEDITERRANEE », dont la présidente de la Région Occitanie Carole Delga, ont adressé le week-end dernier, un courrier commun au président de la République afin de l’alerter sur l’urgence humanitaire en Méditerranée et le désengagement croissant des Etats européens en matière de secours en mer. Elles l’exhortent ainsi à profiter du statut actuel de la France, à la tête du Conseil de l’Union européenne, pour porter et défendre le respect des conventions internationales et l'accès humanitaire pour le sauvetage des vies en mer.

 

Lancée à l’initiative de la Région Occitanie, du Département de Loire-Atlantique, et de la Ville de Paris en janvier 2021, la plateforme des collectivités solidaires avec SOS MEDITERRANEE » a pour objectif de fédérer un maximum de communes, de départements et de régions autour des missions portées par l’association. Les collectivités membres apportent également un soutien financier indispensable à SOS MEDITERRANEE et constituent une caisse de résonance pour les citoyennes et les citoyens mobilisés dans leurs territoires, en facilitant leurs actions de témoignage et de sensibilisation.

 

A travers le courrier qu’elle viennent d’adresser au président de la République, ces collectivités alertent ainsi sur « la catastrophe humanitaire qui se prolonge depuis 2014 en Méditerranée […] transformée en cimetière à ciel ouvert », avec sur la seule année 2021, une augmentation de « 23% de la mortalité en mer par rapport à 2019, et de 55% par rapport à 2020, avec 1 553 personnes qui ont péri lors de naufrages en Méditerranée centrale ».

 

Face à ce constat macabre, le courrier pointe une « conséquence directe de choix politiques effectués par l’Union européenne et par ses États membres, qui ont décidé de se dégager de leur responsabilité en matière de sauvetage en Méditerranée », mais également un renoncement au respect des engagements internationaux de recherche et de sauvetage des naufragés à travers la mobilisation des ressources des Etats « aux seules fins de contrôle et de sécurisation de leurs frontières ». Et de dénoncer : « En délégant ces missions à la Libye, État défaillant avec deux gouvernements qui s’opposent, ils ont créé les conditions d’une gestion humanitaire désastreuse aux portes du continent européen ».

 

Les signataires rappellent également le rôle de SOS Méditerranée et des ONG mobilisées pour limiter les pertes humaines en rappelant que « malgré l’absence totale de soutien des États et les multiples entraves administratives et politiques qui lui sont imposées, l’action de SOS Méditerranée aura permis de secourir, depuis février 2016, 35 333 personnes en danger de mort assumant, de facto, les responsabilités morales et juridiques qui incombent, en toute logique, aux États ».

 

Les collectivités solidaires de SOS Méditerranée souhaitent ainsi mobiliser le président de la République sur la capacité de l’Europe à « changer le cours de l’Histoire à travers les négociations en cours sur le Nouveau Pacte sur les Migrations et l’Asile, qui prévoit une clause concernant le sauvetage en mer et la répartition des personnes rescapées entre les pays européens » et plaident pour « qu’un accord soit conclu entre les États membres pour créer un système européen et solidaire de débarquement et de prise en charge des rescapés ». Le but étant de mettre fin au « traitement au cas par cas tel qu’il est actuellement pratiqué » entraînant des « jours, voire des semaines d’attente en mer » avant que les autorités n’autorisent le débarquement en mer, situations « contraires aux conventions internationales et au droit maritime ».

 

Et les signataires de conclure : « Il est désormais temps de mettre fin à cette situation qui déshonore nos États et ne fait qu’aggraver la détresse des rescapés ». « Parce qu’elle occupe une place prépondérante dans le Monde et en Europe et parce que la voix du pays des Lumières compte, nous sommes convaincus que la France a un rôle déterminant à jouer auprès de ses partenaires européens pour qu’une solution juste et conforme à nos valeurs se dégage ».

 

Engagée depuis 2017 aux côtés de SOS Méditerranée, la Région Occitanie a déjà mobilisé plus de 400 000€ pour permettre à l’association de mener à bien ses missions de sauvetage, avec notamment la mobilisation de 30 000€ cette année pour l’achat d’un canot de sauvetage.

 


courrier dans son intégralité

Monsieur Emmanuel MACRON Président de la République française Palais de l'Élysée 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré 75008 Paris,

le 11 mai 2022

Monsieur le Président de la République,

En votre qualité de chef d’État auquel revient la Présidence de l’Union européenne, 70 collectivités soutenant l’association SOS MEDITERRANEE, souhaitent vous interpeller sur la catastrophe humanitaire qui se prolonge depuis 2014 en Méditerranée.

Les multiples alertes, lancées par les ONG et leurs soutiens, vous permettent de mesurer l’ampleur du drame qui se répète depuis plusieurs années en Méditerranée, transformée en cimetière à ciel ouvert. 2021 aura été tristement marquée par une augmentation de 23% de la mortalité en mer par rapport à 2019, et de 55% par rapport à 2020, avec 1 553 personnes qui ont péri lors de naufrages en Méditerranée centrale. Les tentatives de traversées, sur des embarcations de fortune, avec souvent une issue fatale, se poursuivent et se poursuivront à l’avenir sans qu’aucune politique prétendument dissuasive n’y fasse entrave.

Cet état de fait n’a rien d’une fatalité. Au contraire, il est la conséquence directe de choix politiques effectués par l’Union européenne et par ses États membres, qui ont décidé de se dégager de leur responsabilité en matière de sauvetage en Méditerranée. En tenant sciemment leurs moyens d’intervention à l’écart des zones de naufrages et en mobilisant leurs ressources aux seules fins de contrôle et de sécurisation de leurs frontières, ils ont renoncé à respecter leurs engagements internationaux de recherche et de sauvetage des naufragés. En délégant ces missions à la Libye, État défaillant avec deux gouvernements qui s’opposent, ils ont créé les conditions d’une gestion humanitaire désastreuse aux portes du continent européen. La tragédie qui se déroule à quelques centaines de kilomètres des côtes françaises, avec plus de 19 306 personnes qui ont péri noyées depuis 2014, témoigne à elle seule de l’échec de la politique européenne en Méditerranée centrale, faisant de cette route migratoire la plus meurtrière du monde. Le bilan serait bien plus lourd sans le courageux engagement des ONG de recherche et de sauvetage en mer, à l’image de SOS MEDITERRANEE que nous avons l’honneur de soutenir.

Malgré l’absence totale de soutien des États et les multiples entraves administratives et politiques qui lui sont imposées, son action aura permis de secourir, depuis février 2016, 35 333 personnes en danger de mort assumant, de facto, les responsabilités morales et juridiques qui incombent, en toute logique, aux États. À travers le soutien moral et financier que nous apportons à SOS MEDITERRANEE, nos collectivités ont décidé de ne pas ignorer le sort tragique des personnes qui prennent et continueront à prendre tous les risques pour quitter l’enfer libyen en quête d’un avenir meilleur. Nous avons ainsi fait le choix de l’engagement plutôt que celui de l’indifférence et de l’impuissance face à une situation que nous jugeons intolérable. Pour autant, nous sommes conscients des limites de cette action. Car les moyens aujourd’hui dédiés aux opérations de sauvetage, produits de la seule mobilisation citoyenne, sont sans commune mesure avec la réalité des besoins. Nombre limité de navires déployés, présence inconstante en mer, absence de coordination effective des recherches et des secours, soutien financier des États européens aux interceptions et aux retours forcés effectués par les autorités libyennes...

Les conditions d’une action efficace face à l’ampleur d’une telle crise humanitaire ne sont nullement réunies. Nul ne peut dire que l’Europe a été jusque-là à la hauteur des principes et des valeurs qu’elle est censée défendre et promouvoir à travers le Monde. En revanche, elle a aujourd’hui la possibilité de changer le cours de l’Histoire à travers les négociations en cours sur le Nouveau Pacte sur les Migrations et l’Asile, qui prévoit une clause concernant le sauvetage en mer et la répartition des personnes rescapées entre les pays européens. Nous n’ignorons rien des efforts entrepris par la France et une poignée d’autres pays, et des difficultés rencontrées pour trouver une solution collective, partagée par l’ensemble des États.

L’Europe dispose pourtant de tous les moyens nécessaires pour préserver les vies en péril en Méditerranée. Il ne lui manque que la volonté de les mobiliser. Les solutions, proposées par les ONG, lui sont connues : mener une coordination effective des recherches et du sauvetage, mettre en place les moyens humains et techniques nécessaires pour assurer ces missions, reconsidérer les accords avec la Libye.

Aucun argument valide ne saurait être opposé à ces demandes légitimes, justes et dont la mise en œuvre est à la portée des pays concernés. En tant que collectivités, déjà engagées au quotidien sur nos territoires dans l’accueil des personnes déplacées ou exilées, nous plaidons aussi plus spécifiquement pour qu’un accord soit conclu entre les États membres pour créer un système européen et solidaire de débarquement et de prise en charge des rescapés. Il s’agit de mettre fin, sans délai, au traitement au cas par cas tel qu’il est actuellement pratiqué, avec pour conséquence des jours, voire des semaines, d’attente en mer pour les navires de sauvetage avant que les autorités ne se décident à autoriser le débarquement des rescapés.

Or, cette situation est contraire aux conventions internationales et au droit maritime qui stipule que les autorités compétentes doivent désigner un lieu sûr pour le débarquement des personnes secourues dans les meilleurs délais.

Elle est surtout inhumaine, maintenant ces personnes dans des conditions indignes et incompatibles avec les besoins de prise en charge de personnes qui ont vécu une telle épreuve. Il est désormais temps de mettre fin à cette situation qui déshonore nos États et ne fait qu’aggraver la détresse des rescapés. Nous voyons comme une évidence le fait qu’une personne secourue, dans des circonstances aussi dramatiques, doit être mise en sécurité et bénéficier de toute l’assistance matérielle et morale nécessaire. Nous n’ignorons rien de la sensibilité politique de la question migratoire, dans notre pays ou dans le reste de l’Europe, mais le devoir d’assistance aux personnes en péril ne saurait être négociable ou accommodable au nom de considérations politiciennes. Nous sommes également convaincus que la donne change en Europe, où la guerre en Ukraine et les millions de réfugiés qu’elle a provoqués apportent un éclairage nouveau sur les réalités vécues par les personnes qui fuient la violence d’un conflit militaire, la misère, les persécutions ou les conséquences du dérèglement climatique.

Le formidable élan de solidarité, porté à leurs bénéfices par nos concitoyens et nos collectivités, fait la démonstration de la capacité des peuples d’Europe à tendre la main aux personnes en exil. La réponse coordonnée des pays européens en faveur de l’accueil des réfugiés ukrainiens montre qu’ils savent s’accorder et agir solidairement lorsqu’ils le décident. Parce qu’elle occupe une place prépondérante dans le Monde et en Europe et parce que la voix du pays des Lumières compte, nous sommes convaincus que la France a un rôle déterminant à jouer auprès de ses partenaires européens pour qu’une solution juste et conforme à nos valeurs se dégage.

C’est pourquoi nous vous appelons à peser de tout votre poids dans les négociations actuelles et à porter les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, qui sont au fondement de notre République, auprès de nos partenaires pour qu’une issue à la hauteur des enjeux soit trouvée.

Signataires

Bertrand AFFILÉ, maire de Saint-Herblain Marie-Hélène AMIABLE, maire de Bagneux Sylvain ANDRÉ, maire de Cendras Nathalie APPÉRÉ, maire de Rennes Sylvie ARNAL, maire du Vigan Martine AUBRY, maire de Lille Jeanne BARSEGHIAN, maire de Strasbourg Régis BAYLE, président de la Communauté de communes du Pays Viganais Lionel BENHAROUS, maire des Lilas Alexandre BERTY, maire de Saint-Aubin-sur-Mer Patrice BESSAC, maire de Montreuil François BONNEAU, président de la région Centre-Val de Loire Serge BORD, maire de Saint-Julien-les-Rosiers Agnès BOURGEAIS, maire de Rezé Claude CERPEDES, maire de Saint-Martin-de-Valgalgues Jean-Luc CHENUT, président du Département d'Ille-et-Vilaine Jean-Claude PONS, maire de Luc-sur-Aude Emile CORBIER, maire de Chamborigaud Danielle CORNET, maire de Pont-Château Anne COURTIAL, maire de Castex Vincent COUSI, maire de Caylus Jean-Michel CRAND, maire de Saint-Malo-de-Guersac François CUILLANDRE, maire de Brest Stéphanie DAUMIN, maire de Chevilly-Larue Serge DE CARLI, maire de Mont-Saint-Martin Michaël DELAFOSSE, maire de Montpellier Carole DELGA, présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée Emmanuel DENIS, maire de Tours Anthony DESCLOZIERS, maire de Sainte-Luce-sur-Loire Grégory DOUCET, maire de Lyon Marie-Guite DUFAY, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté Thomas DUPONT FEDERICI, maire de Bernières-sur-Mer Martine ESTEBAN, maire de Varilhes Anne GALLO, maire de Saint-Avé Jean-Philippe GAUTRAIS, maire de Fontenay-sous-Bois Emmanuelle GAZEL, maire de Millau Sylvain GRIFFAULT, maire de Melle Mathieu HANOTIN, maire de Saint-Denis Anne HIDALGO, maire de Paris Pierre HURMIC, maire de Bordeaux Bertrand KERN, maire de Pantin Chaynesse KHIROUNI, présidente du Département de Meurthe-et-Moselle Mathieu KLEIN, maire de Nancy Pierre LAULAGNET, maire d'Alba-la-Romaine Hermeline MALHERBE, présidente du Département des Pyrénées-Orientales Michel MÉNARD, président du Département de Loire-Atlantique Georges MÉRIC, président du Département de la Haute-Garonne Kléber MESQUIDA, président du Département de l’Hérault Léonore MONCOND'HUY, maire de Poitiers Benoît PAYAN, maire de Marseille Marc PÉRÉ, maire de L'Union Jean-Pierre PÉREZ, maire de Vendres Eric PIOLLE, maire de Grenoble Jacques POULAIN, maire de Conquereuil Jean-Jacques PUYOBRAU, maire de Floirac Michaël QUERNEZ, maire de Quimperlé Dominique RÉGEARD, maire de Lion-sur-Mer Armand RIVIÈRE, maire de Pézenas Johanna ROLLAND, maire de Nantes Clément ROSSIGNOL PUECH, maire de Bègles David SAMZUN, maire de Saint-Nazaire Hélène SANDRAGNÉ, présidente du Département de l'Aude Pierre SCHMIT, maire d'Hermanville-sur-Mer Sylvie SIMPSON, maire d'Arbas Pierre SPIZAK, maire de Villerupt Thierry SUAUD, maire de Portet-sur-Garonne Alfred Mathieu TERLIZZI, maire d'Alvignac Emmanuel VAN BRACKEL, maire de Bouvron Cédric VAN STYVENDAEL, maire de Villeurbanne Marc WELLER, maire de Blandas

 

Retour