Agde - Vidéo souvenir - Il y a seize ans Pierre LEROY-BEAULIEU - Maire d'Agde de 1971 à 1989 disparaissait !


Agde - Vidéo souvenir - Il y a seize ans Pierre LEROY-BEAULIEU - Maire d'Agde de 1971 à 1989 disparaissait !

Par L'AGATHOIS - Didier DENESTEBE, le 06 Octobre 2022

Partager

Voir également l'album photo sur notre page FACEBOOK L'AGATHOIS 

 Il y a seize ans Pierre LEROY-BEAULIEU - Maire d'Agde de 1971 à 1989 disparaissait !

C'était avec une immense tristesse que les agathois avaient appris son départ le 5 octobre 2006. 

Homme de tradition, de tempérament, au verbe haut et à la moustache conquérante Pierre LEROY BEAULIEU Maire Honoraire d'Agde était né à Paris le 05 décembre 1928.
Issu d'une famille qui a toujours servi l'État, il fût en Agde le digne héritier d'une dynastie qui avait la gloire en étendard et l'honneur pour fanion.
Son père Paul Leroy-Beaulieu était inspecteur général des Finances.
Parmi les plus illustres de ses ancêtres, on relève les noms de Claude Perier un des fondateurs de la banque de France, de Cesar-Gabriel de Choiseul, ministre de la marine sous Louis XV et d'Antoine Gaillard député aux Cinq Cents.
Le plus prestigieux des amphithéâtres de la prestigieuse école des Sciences politiques, à Paris, porte le nom de Leroy-Beaulieu. Autant de serviteurs de l'Etat.

Marié en secondes noces à Denise Moulin, Pierre Leroy-Beaulieu avait eu de son premier mariage un garçon, Patrice, qui devait décéder trop tôt, au début des années 1990.
La disparition de son fils unique fut pour cet homme pudique un véritable drame dont il parla peu mais qui le marqua profondément.
Il fut le Maire d'Agde au service de sa ville durant 18 ans, de Mars 1971 à Mars 1989.
Une période qui, sous son autorité, vit naître la nouvelle station touristique du Cap d'Agde. Vice-président de la Sebli, société d'aménagement en charge de la réalisation de la station nouvelle, il fut avec Jean Miquel, son directeur, le grand artisan du succès du Cap d'Agde et de son rayonnement.
Il fut élu conseiller Régional le 16 Mars 1986 et fut le premier Agathois à avoir été député de l'Hérault…
Avant même ses trois mandats de Maire , c'est sans doute de ce mandat électif dont il fut le plus fier. Personne n'oubliera la constance avec laquelle il continua à signer « ancien député de l 'Hérault », témoignage s'il en était de cette fierté d'avoir un jour représenté le département à l'Assemblée nationale.

Pierre Leroy-Beaulieu le Gaulliste fervent, dont la famille puisait ses profondes racines à Lodève emporte sous les couleurs de l'UDR en 1968 la 4° circonscription de l'Hérault alors que celle-ci regroupe les communes de Bédarieux, d'Agde et une partie de Béziers.
Il restera député jusqu'en 1973.
Son frère Philippe, décoré des insignes de Chevalier de la légion d'honneur en ville d'Agde en Juillet 2006 fut un émérite parachutiste durant la guerre de Corée et du Vietnam avant d'embrasser une carrière d'acteur principalement en Italie. Sa nièce Philippine a également fait connaître le nom des Leroy-Beaulieu dans le monde du 7° art.

Il fût à cette même époque chargé de mission auprès du Cabinet du Secrétaire d'état aux transports de 1973 à 1977.
Pierre LEROY-BEAULIEU était Chevalier de la Légion d'Honneur et Grand Officier de l'Ordre National du Mérite.
Cet ancien combattant d'Afrique du Nord est également une sorte de légende vivante locale, lors des manifestations patriotiques, il revêtait fièrement  son gilet rouge d'officier aux trente-deux boutons. Il est pour l'éternité le jeune lieutenant de spahis qu'il fut.
Homme politique au charisme rare, il était aussi un orateur né. Ses discours, souvent improvisés et toujours remarquables resteront dans les mémoires autant que sa prestance naturelle qui forçait le respect.

Gaulliste depuis toujours, militant du RPF dès 1948, résistant dans l'âme, il était un militant farouche de la grandeur de la France et avait, pour les missions de service public, celle de l'élu qu'il fut et celle du haut fonctionnaire que fut son père, une très haute idée.
On ne transigeait pas dès lors qu'il s'agissait de la France ou de l'intérêt général.

C'est sous sa mandature que le Cap d'Agde est sorti de terre, et que le nombre de conseiller municipaux capagathois ont été les plus nombreux, Suzanne SERNA, Pierre SIX, Haïm ZIRI et Anne-Marie DENESTEBE, Mesdames LABROUSSE et OLTRA, Monsieur BOMPAR figuraient sur la liste de Pierre LEROY BEAULIEU de 1983.
Mais il avait tout autant un attachement fort pour la vieille ville d'Agde, pour le Grau où il comptait de nombreux et fidèles compagnons, ou pour la Tamarissière dont il a contribué à forger le renouveau aux côtés de son ami Nicolas Albano.

Il savait prendre de la hauteur tout en restant un maire de proximité, il savait être juste tout en étant libéral, des qualités rares que l’on aime a retrouver chez nos élus agathois.
Ses relations étaient innombrables. Il était admiré et parfois craint.
C'était notamment un redoutable débatteur, un très efficace bretteur.

Pierre LEROY BEAULIEU a certes depuis laissé sa place… il laissera une trace… inoubliable dans l'histoire et dans le cœur des Agathois : celle du devoir accompli et de la grandeur de la cité qui l'avait élu ! Il était aussi le garant d’une forme rigueur dans la gestion et de mesure dans le développement.
Evoquant le Cap d'Agde, dont la paternité fut, alors, ensuite, souvent revendiquée par d'autres, il avait l'habitude de répondre d'une formule lapidaire mais riche de sens : « Je ne sais pas qui a fait le Cap, je sais qui l'a laissé faire… »

Pierre Leroy-Beaulieu était un homme d'une extrême générosité, fort en gueule autant qu'en amitié.
Ses collaborateurs, au premier rang desquelles figurent Josette Fortin, sa secrétaire personnelle, pourraient témoigner que derrière la façade, parfois austère, se cachait un homme juste et bon, loyal et déterminé, honnête et désintéressé qui n'avait que l'ambition de servir.
Un homme avec ses forces et ses faiblesses.

Seize ans plus tard, les Agathois qui l’ont connu en Agde sont sans nul doute profondément attristés mais peuvent rester grâce à lui, fiers de leur passé.

Didier DENESTEBE pour L'AGATHOIS 


En souvenir de Pierre LEROY_BEAULIEU  vous trouverez  ci dessous un texte rédigée fin 1999 en préface du  le superbe livre "CAP D'AGDE 1970-2000" de notre ami Georges RENAULT récemment disparu .

C'est un résumé superbe de son action pour le  Cap d'Agde 


Cap d'Agde : une belle mais rude aventure

Sur instruction du Général de GAULLE, le 18 Juin 1963, est créée la Mission Interministérielle pour l'Aménagement Touristique du littoral LANGUEDOC-ROUSSILLON.

À sa tête, Pierre RACINE, à l'époque, Directeur du Cabinet du Premier Ministre Michel DEBRE: un homme remarquable, travailleur acharné, courtois mais animé par une volonté de fer. Il va diriger une petite équipe délégataire de l'autorité de l'Etat, ayant une liberté d'action exceptionnelle et à laquelle sont donnés, de même, des moyens exceptionnels. Son but: créer une grande région touristique, diversifier son économie, offrir à une clientèle française et étrangère des vacances concurrentielles par rapport aux régions européennes voisines.

Dans le cadre de cet aménagement, devait être construit une station nouvelle sur le Cap d'Agde, lieu géographique déjà connu pour son naturisme familial et discret et implanté sur le territoire de la commune d'Agde.

Député U.D.R. de la Circonscription de BEZIERS-AGDE, de 1968 à 1973, Maire d'AGDE de 1971 à 1989, j'ai eu la chance de participer à cette aventure à côté d'hommes de qualité mais décidés, sans discussion possible à atteindre le but qui leur avait été fixé.

Les élus agathois écoutés

Aussi, je m'aperçus très rapidement que le point de vue de la Commune, de son Maire et de son Conseil Municipal était totalement ignoré et que notre Cité était loin d'être partie prenante dans cette réalisation mais, par contre, subissait sans réagir la volonté de l'Administration et de la Société d'Economie Mixte chargée de celle-ci.

Cette Société avait à la tête de son Conseil d'Administration le Maire de BEZIERS qui avait purement et simplement « trusté » et fait sienne cette réalisation, la ville d'AGDE y étant représentée, pour ordre, par deux administrateurs. Tous ceux qui venaient visiter les travaux en cours, en repartaient, persuadés que le futur Cap d'Agde était purement et simplement une partie intégrante du territoire de la Commune de BEZIERS.

En conséquence, pendant les premiers mois de ma première mandature, ayant des relations courtoises mais parfois tendues avec, la Mission et la Société d'Economie Mixte, ma principale préoccupation fut d'imposer le point de vue de la Commune d'Agde sur le déroulement de cette réalisation.

Le plan PLB

1 - Faire réduire le périmètre de la station. En effet, tous les terrains avaient été bloqués en partant du secteur dit naturiste jusqu'à l'embouchure de l'Hérault; les Agathois ne pouvaient donc plus en disposer mais par contre, étaient expropriés à des prix ridiculement bas. Je devais obtenir satisfaction.

2 - Obliger la Société d'Economie Mixte à déposer en Mairie les permis de construire, non pour simple information, comme auparavant, mais pour avis avant exécution, cet avis étant impératif, que ce soit une modification ou un refus pur et simple.

3 - Obliger de même, cette même Société d'Economie Mixte et son Président à construire, en priorité, une école, un Centre d'information et accepter par I'intermédiaire d'un Office municipal du tourisme, la participation puis la direction de la politique de promotion de la nouvelle station, en s'appuyant, entre autre, par exemple, sur la création d'un Palais des Congrès et d'un Musée dont on connaît aujourd'hui le succès.

Appuyé par le Premier Ministre de l'époque, M. Jacques CHABAN-DELMAS, ce combat fut parfois rude, mais grâce à l'intelligence d'un homme comme Jean MIQUEL, Directeur à l'époque de cette Société d'Economie Mixte mais hélas, aujourd'hui, malheureusement décédé, il fut dorénavant tenu compte, en priorité, du point de vue et des objectifs de la Commune.

D'un autre côté, toujours avec l'appui de la majorité du Conseil Municipal, il me fallut imposer à une certaine « intelligensia » agathoise qui parfois, sous le prétexte de défendre soit disant l'intérêt général, s'opposait à des décisions qui me paraissaient sensées et dont la justesse n'est plus discutable aujourd'hui comme par exemple le tracé de la « voie express » qui relie le Cap d'Agde à l'autoroute tout en desservant Agde, le Grau d'Agde et la Tamarissière. D'après celle-ci, son tracé devait couper la commune en deux: faciliter les inondations, la salinité des terres etc. Je fus même traîné devant le Conseil d'Etat qui ne donna pas raison à ces pétitionnaires d'un genre un peu particulier.

Pas d'indépendance du Cap d'Agde

Enfin, il me fallut ensuite contrer le désir de certains Capagathois, implantés de très fraîche date qui souhaitaient voir cette station se séparer d'Agde et s'ériger en commune indépendante. Il y avait, en effet, des places à prendre.

Aujourd'hui je ne regrette pas ces 18 années que j'ai consacrées avec 1'aide de mon Conseil Municipal, à la réalisation de cette station. Grâce à notre action et quoiqu'en disent aujourd'hui certains, pour des raisons politiciennes évidentes, cherchent à la gommer, pendant ces 18 années, la Municipalité a dirigé la création de cette nouvelle station implantée sur son territoire et grâce à qui, aujourd'hui, notre Cité est connue dans toute l'Europe.

Malgré certaines erreurs, elle est un succès. Elle a enrichi la commune et créé des emplois. De plus, son style, dû au talent de son architecte en chef Jean LECOUTEUR s'intègre parfaitement avec celui de notre Région.

Mon seul regret est qu'il lui manque pour son standing définitif ce «petit quelque chose» qui a fait le succès de la Côte d'Azur et qu'elle avait acquis durant les premières années de son existence.
À ceux et à celles qui sont aujourd'hui à sa tête d'y arriver. Cela me semble encore possible.

Pierre LEROY-BEAULIEU
Maire Honoraire
Préface rédigée fin 1999 pour le superbe livre "CAP D'AGDE 1970-2000"

 

 

Retour