Agde - Le mystère de l'épave de Rochelongue enfin mis à jour !

Agde - Le mystère de l'épave de Rochelongue enfin mis à jour !

Agde - Le mystère de l'épave de Rochelongue enfin mis à jour !

Par L'AGATHOIS - Didier DENESTEBE, le 25 Décembre 2022

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Le mystère de l’épave de Rochelongue a longtemps entretenu des légendes agathoises. Révélée en 1964, cette importante découverte archéologique est passée, à son époque, au second plan. Agde venait en effet de découvrir quelques mois auparavant  L’EPHEBE d’AGDE dans le lit de l'Hérault. Jacky FANJAUD, le découvreur de L'EPHEBE était membre du Groupe de recherches archéologiques subaquatiques et de plongée d'Agde (GRASPA) dirigé par Denis FONQUERLE.
Cette découverte majeure occulte quelque peu celle de L'épave de Rochelongue, située à l'ouest du Cap d'Agde. Découverte par une équipe de recherche subaquatique dirigée par André BOUSCARAS, cette épave est datée de l'âge du fer, vers 600 av. J.C.
Durant quatre ans BOUSCARAS et ses hommes fouillent sans relâche : ils y découvrent un fret qui comprenait 700 kg de lingots de cuivre et environ 1700 articles de bronze.

L'analyse des lingots révèle qu'ils contiennent du cuivre très pur avec des traces de plomb, d'antimoine, de nickel et d'argent. De très nombreux objets étrusques y sont retrouvés avec notamment des bijoux tels que des bracelets, des restes d'outils et des fers de haches. 

Dès le VIe siècle avant J.-C. les Celtes et les Gaulois occupent la Bourgogne une partie de la gaule et l’Autriche, Les étrusques sont établis près de l’Italie.
Les cités de Massilia ( MARSEILLE ) et Agathé ( AGDE) sont créées par les Grecs qui étendent leur présence sur les terres languedociennes et commercent avec les chefs Gaulois.
Dans les différents comptoirs grecs il existe des dépôts terrestres ou les bijoux et objets échangés sont stockés avant leur déplacement mais également des dépôts sous-marin privilégiés pour leur sécurité.

L’hypothèse d’un sanctuaire marin a fait également son chemin ! Ainsi si cette seconde voie était alors privilégiée. On imaginait un lieu où les marins déposaient leurs offrandes aux divinités, Poséidon dieu de la Mer, Arés dieu de la guerre, Héphaïstos dieu de l’enclume et du marteau.
Mais des détails comme la présence des 700 Kg de lingots de cuivre qui n’étaient pas spécifiquement des objets offerts aux divinités viennent contrecarrer cette hypothèse d'autant que les récentes analyses chimiques témoignent d'une provenance du cuivre d’Andalousie.
Lors de la découverte du trésor en 1964 la question se pose d’autant que l’on ne retrouve ni épave ni soupçon de matériel de navigation.
Cependant la taille du lieu de découverte  (25 mètres sur 15 ) correspondrait à la taille d’une trière grecque de cette époque de l’âge de fer

Si les lingots proviennent d’Andalousie, les bijoux seraient originaires du Massif central et du centre ouest. Les grecs installaient leurs comptoirs commerciaux aux abords de la Méditerranée pour y commercer avec les autochtones Celtes ou Gaulois suivant les époques. Ils s’y procuraient des céréales des matières premières et surtout du métal. Le but des grecs n’étaient pas de coloniser, ils entretenaient  à cette époque des relations pacifiques avec les populations locales afin de pouvoir échanger et transformer les matières premières avant exportation.  

Les études plus récentes réalisées par un quarteron d’archéologues reconnus ont révélé des conclusions particulièrement documentées dans un ouvrage intitulé «  Rochelongue (Agde, Hérault) » publié en Octobre dernier aux éditions  Presses Universtaires de Méditerranée.  

Jean GUILAINE,  Dominique GARCI , Jean GASCO,  Enrique ARAGON NUNEZ y délivrent leurs conclusions dans ce magnifique ouvrage. Jean GUILAINE qui avait débuté ses études sur site en 1968 a patiemment démêlé l’écheveau historique de recherches et d' analyses sdurant plus d’un demi-siècle pour nous livrer avec les co-auteurs des conclusions particulièrement étayées.

L'hypothèse d'une cargaison d'un navire détruit lors d'une tempête ou perdue dans une zone de transbordement y est donc privilégiée.
Cela conforte avec force détail la vocation de comptoir grec de l'aire agathoise : Le débouché lagunaire de la vallée de l'Hérault est alors au cœur de circuits d'échanges reliant les domaines maritimes de Grande-Grèce, d'Etrurie, d'Ibérie punique aux aires terrestres gauloises, de l'Italie au Jura et à l'Atlantique.

Des pièces prélevées dans diverses zones du pourtour de la méditerranée pour être fondues en Grèce et transformées en armes, en parures, en bijoux, en vaisselle ou en chaudrons.
Agde plateforme d’échanges internationaux, dès le 6 ° Siècle avant Jésus Christ n’a pas fini de livrer tous ses secrets ...

Celui de la découverte mystérieuse du trésor de Rochelongue semble désormais avoir livré suffisamment d’indices éclairés par ces archéologiques scientifiques pour que l’hypothèse du naufrage d’un navire marchant grec soit privilégiée.

Merci à ces chercheurs qui a une époque où rien ne dure parviennent à nous éclairer sur ce qui reste de notre histoire.   


Presses Universtaires de Méditerranée
ISBN : 978-2-36781-474-
Paru : le 26 Octobre 2022 
Prix : 32 €

Auteurs: Jean Guilaine, professeur au Collège de France et membre de l’Institut, Dominique Garcia, professeur à l’université d’Aix-Marseille et président de l’INRAP, Jean Gascó chargé de recherche au C.N.R.S. sont des spécialistes de la Protohistoire de la Gaule. Enrique Aragón, maître de conférences associé à l’université Flinders d’Adélaïde (Australie-Sud) est spécialiste des circulations maritimes protohistoriques.


Illustration : Partie du trésor exposé au Musée d'Agde

Illustration Triére Grecque

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